Le bruxisme est un trouble du sommeil appartenant à la catégorie des parasomnies. Très courant chez les enfants, il est susceptible d’avoir de lourdes conséquences sur la santé, principalement au niveau de la mâchoire et de la dentition.
Qu’est-ce que le bruxisme ?
Le bruxisme nocturne est une parasomnie, une catégorie de troubles du sommeil qui se manifeste par des comportements indésirables pendant que l’on dort. S’il affecte principalement les enfants, on estime qu’il toucherait environ 8% de la population adulte. Il pourrait être une conséquence à des troubles anxieux également.
Définition
Le terme bruxisme vient du grec « brygmos » : grincement. En France, Marie et Pietkiewicz sont les premiers à décrire cette pathologie, en 1907. Ils parlent alors de « bruxomanie », et parlent de serrement de dents et de friction dentaire « sans but fonctionnel ». Il faut attendre les années 1930 pour que l’on distingue le bruxisme du sommeil du bruxisme à l’état de veille.
Le bruxisme nocturne se manifeste par des mouvements de frictions des dents qui provoquent un grincement. Les bruxomanes sont susceptibles de claquer des dents ou de faire de mouvement de friction des dents pendant 6 à 8 minutes, voire jusqu’à 40 minutes par nuit, dans les cas les plus extrêmes.
Si le grincement est le plus connu, on distingue 4 types de mouvements pouvant se combiner :
- Le serrement de mâchoires – ou clinching ;
- Le grincement de dents – ou grinding, considéré comme le plus nocif ;
- Le balancement – ou jiggling, des mouvements des dents d’avant en arrière ;
- Le tapotement – ou taping, des claquements de dents brefs.
L’action inconsciente de serrer les dents et les mâchoires est susceptible de provoquer des douleurs musculaires et une usure dentaire importantes. Il est d’ailleurs fréquent que le bruxisme passe inaperçu, et qu’il soit diagnostiqué à l’occasion d’une visite chez le dentiste.
Bruxisme statique et bruxisme dynamique
On parle de bruxisme statique lorsque l’on serre les dents sans qu’il y ait de mouvements latéraux de la mâchoire. Ce type de crispation provoque des maux de tête, mais aussi des douleurs au niveau de l’oreille. D’ailleurs, on sait désormais que bruxisme et acouphènes sont fréquemment liés, car les muscles de la mâchoire et de l’oreille interne sont innervés par le même nerf.
On parle de bruxisme dynamique lorsque les grincements de dents s’accompagnent de mouvements latéraux de la mandibule : il est responsable d’une abrasion de l’émail dentaire importante. Le bruxisme dynamique est principalement associé au bruxisme nocturne.
Bruxisme nocturne et bruxisme diurne : quelle différence ?
Le bruxisme nocturne est un trouble du sommeil. Il est considéré comme le plus néfaste pour les dents et pour la mâchoire, car il se produit lorsque vous êtes inconscient – et que vous ne pouvez donc pas y mettre fin. En outre, il s’agit d’un bruxisme dynamique.
Le bruxisme diurne s’assimile à un trouble du comportement, et il se manifeste tout au long de la journée, avec une accentuation au fur et à mesure que la journée avance. Il se caractérise par un serrement dentaire et des contractions soutenues durant plus de 2 secondes, sans grincement de dents. Le bruxisme diurne est fréquemment associé à des troubles neurologiques ou psychiatriques, ainsi qu’à la prise de certains médicaments. Il peut toutefois survenir en réaction à une situation stressante. Il est plus facile à traiter, puisque le sujet est conscient lorsqu’il se manifeste.
Statistiquement, le bruxisme diurne touche davantage les femmes que les hommes. Le risque s’aggrave par ailleurs avec l’âge, puisqu’on estime qu’il affecte 20% de la population adulte. Le bruxisme nocturne tend à toucher principalement les enfants (11%) et à disparaître avec l’âge.
Quels sont les risques ?
Le bruxisme peut avoir des conséquences néfastes, puisqu’il peut notamment causer :
- Des maux de tête ;
- Des douleurs durant la mastication ;
- Des douleurs cervicales ;
- Des douleurs au niveau des oreilles.
Le bruxisme entraîne surtout une abrasion de l’émail, ce qui entraîne une sensibilité accrue au chaud et au froid, ainsi qu’aux aliments acides.
Découvrez aussi :
Sans traitement adapté, cette usure peut aboutir à des conséquences plus sévères pour les personnes atteintes de bruxisme depuis longtemps :
- Affaissement des mâchoires ;
- Troubles des gencives ;
- Troubles de l’articulation temporo-mandibulaire ;
- Atteinte du nerf ;
- Déchaussement ou fractures des dents.
Quels sont les signes et symptômes du bruxisme ?
Le bruxisme se manifestant par un grincement de dents pendant le sommeil, il produit un son pouvant être entendu par un parent ou un conjoint. Comme en cas ronflement, c’est donc fréquemment l’entourage qui alerte. Toutefois, d’autres signes peuvent alerter :
- Des douleurs dans la mâchoire ou dans les dents ;
- Une sensibilité à la température des boissons et des aliments ;
- Des maux de tête ;
- Des maux d’oreilles ;
- Des dents fracturées ou qui bougent.
Ces symptômes se manifestent principalement au moment du réveil, et ils s’estompent rapidement.
Dans certains cas extrêmes, les troubles visuels et les vertiges peuvent aussi constituer des symptômes de bruxisme.
Quelles sont les causes ?
Le bruxisme peut avoir une cause somatique. L’occlusion dentaire correspond au bon emboîtement des dents du bas avec celles de la mâchoire supérieure. Une malocclusion (ou malposition) dentaire peut être à l’origine du bruxisme.
Les causes les plus courantes de bruxisme sont :
- La consommation de tabac, de caféine et d’alcool ;
- L’usage de certains médicaments, notamment certains antidépresseurs ;
- Les troubles mentaux et neurologiques.
On estime que dans 80% des cas, le bruxisme a une origine psychologique, et qu’il est la conséquence d’un niveau élevé d’anxiété. Le stress chronique, cause principale de l’insomnie et de nombreux troubles du sommeil, est donc aussi la cause la plus courante du bruxisme : des expressions telles que « serrer les dents » ou « remâcher les problèmes » prennent alors tout leur sens.
Existe-t-il un traitement ?
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement de solution miracle pour le bruxisme – il s’agit avant tout de traiter ses symptômes et, lorsque c’est possible, de ses causes.
Bruxisme : qui consulter ?
C’est généralement le dentiste qui pose de diagnostic de bruxisme. La priorité est alors de protéger les dents des claquements et frottements. La gouttière anti-bruxisme (ou plaque occlusale) est généralement préconisée. La gouttière est réalisée sur mesure, après une empreinte dentaire. Ce traitement orthodontique nécessite un ou deux rendez-vous afin d’ajuster la gouttière, qui doit ensuite être renouvelée tous les 2 à 3 ans.
Le bruxisme étant lié au stress, il est judicieux de consulter un psychothérapeute. La psychothérapie est généralement associée à une technique de relaxation :
- La technique de relaxation musculaire Jacobson – qui consiste à contracter et relâcher les muscles pour les détendre ;
- Le training autogène – une technique d’autohypnose ;
- La pleine conscience.
Certains spécialistes peuvent vous proposer le recours au biofeedback, en complément de votre thérapie comportementale. Cette technique est un traitement naturel au bruxisme, qui vise à redonner le contrôle de leur corps aux patients, y compris sur les fonctions involontaires, en ayant recours à des appareils électroniques et informatiques. Le biofeedback donne notamment d’excellents résultats pour soulager les maux de tête.
Suivant votre niveau d’anxiété et votre sensibilité personnelle, vous pouvez vous orienter vers d’autres thérapies : l’hypnose se révèle souvent très efficace en cas de bruxisme. L’ostéopathie constitue un autre accompagnement approprié en cas de bruxisme.
Enfin, en cas de bruxisme, il est recommandé d’alerter votre médecin traitant. Une étude américaine menée par des chercheurs du Baylor College of Medicine à Houston a permis de démontrer la prévalence du bruxisme chez un quart des patients souffrant d’apnée du sommeil. Cette pathologie entraîne des pauses respiratoires de 10 à 30 secondes. Cela se traduit par de la fatigue au réveil et une somnolence au cours de la journée. En outre, l’apnée du sommeil aggrave les risques de maladie cardio-vasculaire, et elle nécessite une prise en charge médicale.
Découvrez : Saigner du nez en dormant.
Comment prévenir le bruxisme ?
Le meilleur moyen de prévenir le bruxisme, c’est de vous protéger du stress. À défaut de pouvoir éliminer les raisons professionnelles ou privées qui vous font grincer des dents littéralement pendant votre sommeil, il s’agit de gérer l’anxiété.
Un traitement à base d’huile essentielle peut ainsi contribuer à limiter les épisodes de bruxisme. Privilégiez la lavande : une huile connue depuis l’antiquité pour ses vertus apaisantes, dont l’effet a été validé par la science. L’huile essentielle de lavande a un effet relaxant et réconfortant, qui facilite l’endormissement et favorise un sommeil paisible.
Une bonne hygiène de vie – doublée d’une bonne hygiène de sommeil – contribue aussi à limiter les risques si vous souffrez de bruxisme :
- Limitez votre consommation de substances excitantes comme la caféine, ainsi que d’alcool et de tabac ;
- Mettez en place un rituel du coucher apaisant, qui peut inclure une douche tiède, une séance de yoga ou encore une méditation guidée ;
- Évitez les activités stimulantes en fin de journée ;
- Veillez à avoir une alimentation équilibrée ;
- Limitez votre exposition aux écrans, et préférez une activité calme comme la lecture.
Le bruxisme étant un trouble du sommeil délicat à diagnostiquer, il est recommandé de ne pas négliger votre santé bucco-dentaire et de consulter régulièrement votre dentiste. Un diagnostic rapide permet en effet d’anticiper d’éventuels dégâts sur les dents.
A lire aussi :
Syndrome de fatigue chronique : tout savoir