L’énurésie nocturne, plus communément appelée pipi au lit, fait partie des troubles du sommeil courants chez l’enfant. Ces mictions involontaires sont toutefois susceptibles de toucher certains adultes. Elles sont la conséquence d’un trouble du contrôle des sphincters qui se produit principalement la nuit, et qui peut être favorisé par différents facteurs.
Énurésie nocturne : qu’est-ce que c’est ?
L’énurésie est caractérisée par l’incapacité d’une personne à contrôler l’envie d’uriner.
Tout comme les sueurs nocturnes et diurnes, qui ne sont souvent pas liées, on distingue différents types d’énurésie :
- L’énurésie nocturne, qui survient la nuit ;
- L’énurésie diurne, qui survient durant la journée ;
- L’énurésie mixte, qui se produit aussi bien durant la nuit qu’au cours de la journée.
L’énurésie nocturne, ou pipi au lit, est une parasomnie. Cette catégorie de troubles du sommeil correspond aux comportement involontaires et indésirables qui surviennent en dormant, tel que le somnambulisme ou les terreurs nocturnes.
Quand et comment un enfant devient-il propre ?
Au cours de sa première année, le fait d’uriner est un réflexe qui répond à la pression de la vessie pour bébé. Vers l’âge de 12 mois, il devient capable de manifester son envie de faire pipi par des sons et des gestes, et il commence à uriner de manière consciente et volontaire.
Dès l’âge de 18 mois, un tout petit est capable de faire savoir qu’il est mouillé. Il est aussi capable d’apprendre où et quand il peut uriner. A l’âge de 2 ans, un enfant est capable d’être propre pendant la journée.
En théorie, un enfant peut passer la nuit “au sec” à partir de 3 ans, période à laquelle la miction se régule d’elle-même. En cas d’envie d’uriner, il peut en outre contrôler le sphincter et les muscles du périnet. Environ 90% des enfants sont propres à l’âge de 5 ans.
Il est à noter cependant que ces âges sont des moyennes indicatives : certains enfants peuvent être précoces ou avoir besoin d’un peu plus de temps pour devenir propres !
Le “pipi au lit” : un phénomène fréquent
Tout à fait normal chez les enfants de moins de 2 ans, le “pipi au lit” concerne encore 25 à 30% des moins de 4 ans. L’énurésie nocturne chez les enfants de 5 à 9 ans demeure courante, mais le pourcentage d’enfants concernés diminue avec l’âge :
- 10 à 15 % à 5 ans ;
- 10 % à 6 ans ;
- 8% à 7 ans ;
- 7% entre 8 et 9 ans.
L’énurésie nocturne peut parfois se manifester chez les adolescents : on estime que 1 à 3% sont concernés. Elle est alors fréquemment en lien avec des troubles anxieux. L’énurésie peut également concerner les adultes, et l’on parle alors d’incontinence.
Entre l’âge de 5 et 9 ans, l’énurésie nocturne touche principalement les petits garçons. Chez les adultes, elle concerne en revanche 3 fois plus les femmes.
Les différentes formes d’énurésie nocturne
On distingue deux formes d’énurésie nocturne :
- L’énurésie primaire (ou énurésie persistante) concerne les enfants qui n’ont pas encore appris à contrôler leur vessie. Elle représente 75 à 85% des enfants qui font pipi au lit ;
- L’énurésie secondaire (ou récurrente) concerne les enfants capables de contrôler leur vessie. On parle donc d’énurésie secondaire quand un enfant a déjà connu une période de propreté de 6 mois au moins. Représentant 20 à 25% des cas de “pipi au lit”. survient après une période de propreté, de 6 mois au moins.
Les différentes formes d’énurésie se différencient en outre par leur fréquence et leur durée. On distingue ainsi :
- L’énurésie régulière ;
- L’énurésie irrégulière ;
- L’énurésie intermittente, caractérisée par de longues périodes sans mouiller le lit ;
L’énurésie épisodique, qui correspond à un épisode isolé.
Les causes de l’énurésie nocturne chez l’enfant
L’énurésie nocturne chez l’enfant est le plus souvent multifactorielle.
Le facteur héréditaire
Lorsque l’un ou l’autre des parents, ou les deux, ont souffert d’énurésie, un enfant a 40 à 70% de chances de faire pipi au lit lui aussi. Les statistiques tendent à être plus élevées lorsque c’est le papa qui est concerné.
Les facteurs physiologiques
Plusieurs facteurs physiologiques peuvent provoquer le “pipi au lit” :
- Une immaturité vésicale liée au développement de l’enfant : ses réflexes neuromusculaires ne lui permettent pas encore de contrôler sa vessie, qui continue de se contracter automatiquement ;
- L’instabilité vésicale, qui se caractérise par une contraction musculaire brusque, en dépit du fait que la vessie n’est pas remplie ;
- Une production insuffisante d’ADH : cette hormone antidiurétique a pour rôle de diminuer l’urine qui est produite au cours de la nuit. L’urine produite dépasse donc la capacité de la vessie au cours de la nuit ;
- Une faible capacité d’éveil: lorsqu’un enfant dort trop profondément, ou lorsque son temps de sommeil paradoxal et trop long, il ne perçoit pas les signaux de la vessie ;
- Certaines maladies type constipation, infection urinaire, uropathie ou diabète.
En 2011, une équipe américaine du Children’s Hopital of Michigan a suivi l’évolution de 400 enfants et adolescents âgés de 5 à 18 ans souffrant d’apnée obstructive du sommeil. Parmi les 5-8 ans, 25% souffraient d’énurésie nocturne. Suite à l’ablation des amygdales et/ou des végétations, la moitié d’entre eux a cessé de faire pipi au lit. Outre du bruxisme, des ronflements, des cauchemars et des crises de somnambulisme, des amygdales et végétations trop volumineuses peuvent donc provoquer de l’énurésie nocturne.
Les facteurs psychologiques, sociaux et familiaux
Statistiquement, l’énurésie secondaire est principalement causée par des troubles anxieux. Le fait de faire pipi au lit peut également être la manifestation d’un problème affectif ou la conséquence d’un stress intense:
- Déménagement ;
- Changement d’encadrant – nounou ou professeur des écoles ;
- Décès d’un proche ;
- Séparation des parents ;
- Abus sexuels.
Mon enfant fait pipi au lit : comment réagir ?
Le plus souvent, l’énurésie nocturne disparaît spontanément. Le “pipi au lit” n’est pourtant pas anodin.
Lorsque un enfant mouille son lit, cela peut nuire considérablement à la vie familiale et sociale – il peut être embarrassant pour lui de passer la nuit chez un autre membre de la famille ou chez ses petits camarades.
Avant toute chose, la situation ne doit pas constituer un sujet tabou, sous peine d’impacter l’estime de soi de votre enfant.
Gare aux fausses bonnes idées, telles que le retour de la couche : non seulement un pipi nocturne peut provoquer des fuites, et cet écoulement peut provoquer un réveil nocturne, mais en plus, votre enfant pourrait finir par s’accommoder de la situation.
L’idéal est de ne pas gronder votre enfant, afin de ne pas le culpabiliser. Évitez aussi de tourner la situation au ridicule, cette volonté de dédramatiser étant souvent contre productive, puisqu’elle entame l’estime de soi des petits.
Dans un premier temps, il est indispensable de déterminer si la situation est liée à un trouble émotionnel et, le cas échéant, de le résoudre – éventuellement en consultant un pédopsychiatre.
Si la punition est fortement déconseillée, il est judicieux de demander à votre enfant de coopérer pour changer les draps et pour changer de vêtements. Rappelez-lui que son problème touche d’autres enfants, et n’hésitez pas à en discuter avec lui. Si son problème est lié à une cause spécifique de santé, prenez le temps de le lui expliquer.
Enfin, vous pouvez procéder à quelques ajustements :
- Limiter la consommation de liquides après 18 heures ;
- Vous assurer que votre enfant ailles aux toilettes avant de se coucher ;
- Installer une veilleuse afin que votre enfant n’ait pas peur de se lever en cas d’envie pressante.
Énurésie nocturne chez l’enfant : quels traitements ?
L’énurésie nocturne pouvant être liée à un diabète de type 1, à un infection urinaire ou à des problèmes d’ordre psychologique, il est recommandé d’en parler au pédiatre. Afin de faciliter la prise en charge de votre enfant, vous pouvez tenir un journal avec lui : il y notera ses “nuits sèches” et ses “nuits humides”.
Dans certains cas spécifiques, le médecin peut décider de prescrire des médicaments. La desmopressine est une substance proche de l’ADH, hormone antidiurétique. La durée du traitement est limitée à 3 mois, renouvelable une fois. Ce médicament peut provoquer des effets secondaires indésirables, notamment une intoxication par l’eau, des céphalées, des troubles du comportement, des nausées et vomissements et une prise de poids importante – auquel cas il est indispensable de consulter rapidement.
En cas d’échec, le recours à un antispasmodique urinaire est envisageable, en particulier chez les enfants dont la vessie est de petite capacité. Ce type de traitement est prescrit pour 3 à 6 mois, et il est également susceptible de provoquer des effets indésirables : bouche sèche, maux de tête, cauchemars, notamment.
En l’absence de pathologie et de trouble d’ordre psychologique, ce sont des mesures éducatives et hygiéniques qui s’imposent. Vous pouvez vous orienter vers un kit d’alarme disponible en pharmacie : dès les premières gouttes d’urine, il se met en route, et c’est à votre enfant de l’éteindre.
L’énurésie nocturne de l’adulte
Chez l’adulte, on parle d’incontinence. L’incontinence peut survenir à tout âge, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Statistiquement, ce sont toutefois les personnes âgées qui sont les plus concernées. Les femmes sont par ailleurs plus touchées, puisque l’on estime que chez les seniors, l’incontinence concerne 30% des femmes, contre 15% des hommes.
Les différentes formes d’incontinence urinaire chez l’adulte
L’incontinence de doit pas être confondue avec la pollakiurie, le besoin fréquent d’uriner (plus de 7 fois par jour ou plus d’une fois par nuit) et qui s’accompagne parfois de la perte de quelques gouttes d’urine.
On distingue différents types d’incontinence :
- L’incontinence d’effort qui survient en cas de pression intra-abdominale brusque en toussant, en riant ou en portant un poids lourd ;
- L’incontinence par impériosité ou incontinence par urgence mictionnelle, qui survient directement après un besoin d’uriner brusque ;
- L’incontinence par regorgement qui survient quand la vessie est trop pleine ;
L’incontinence fonctionnelle résultant de l’incapacité mentale ou physique de contrôler la vessie.
L’incontinence chez l’adulte : causes et traitements
Tout comme l’énurésie nocturne chez l’enfant, l’incontinence est souvent multifactorielle. Parmi les mécanismes les plus fréquents :
- L’augmentation du volume d’urine ;
- La faiblesse du sphincter urinaire ou des muscles pelviens ;
- L’hyperactivité vésicale – des spasmes involontaires des muscles de la paroi vésicale;
- Une obstruction des voies urinaires (ou obstruction du col de la vessie) ;
- Des problèmes fonctionnels du système urinaire.
Chez l’homme, l’incontinence peut survenir après une prostatectomie (ablation de la prostate).
L’incontinence constitue une conséquence possible de nombreux troubles fonctionnels tels que la démence ou un AVC. L’incontinence est parfois l’effet secondaire d’un traitement médicamenteux : hormonothérapie, certains antihistaminiques et antidépresseurs, entre autres.
En de très rares cas, l’incontinence constitue un signe avant-coureur d’une lésion de la moelle épinière – elle s’accompagne alors d’une perte de sensation dans le bassin et d’une très grande faiblesse des jambes.
Il est important de ne pas hésiter à parler d’un problème d’incontinence au médecin traitant, qui commence généralement par des questions factuelles :
- Circonstances des pertes d’urines ;
- Fréquence du besoin d’uriner ;
- Débit urinaire.
Des examens complémentaires peuvent s’imposer :
- Analyse de sang de la fonction rénale ;
- Analyse d’urine ;
- Examen urodynamique.
Le traitement dépend de l’origine de l’incontinence. Il est fréquemment nécessaire d’ajuster l’hygiène de vie, en consommant davantage de fibres, en limitant la consommation d’alcool et en arrêtant de fumer. Une rééducation des muscles pelviens est parfois préconisée.