Le syndrome des jambes sans repos se traduit par le besoin impérieux de bouger les jambes, voire de se lever et de marcher. Provocant des troubles du sommeil, il a également des conséquences sur la santé mentale et sur le bien-être des patients au quotidien.
Syndrome des jambes sans repos : qu’est-ce que c’est ?
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est désigné sous différentes appellations :
- Impatiences ;
- Impatiences nocturnes ;
- Syndrome d’impatiences musculaires d’éveil ;
- Maladie de Willis & Ekbom.
Il se caractérise par un besoin impérieux (autrement dit : urgent et irrésistible) de bouger les jambes.
Les symptômes du syndrome des jambes sans repos
Le SJSR est associé à des sensations désagréables dans les membres inférieurs au repos, particulièrement en position couchée : picotements, fourmillements, tiraillements et impression de décharge électrique, mais aussi douleurs, dans les formes les plus sévères. Les impatiences affectent généralement les deux jambes. Toutefois, elles peuvent être plus prononcées d’un côté que de l’autre. Seul le fait de bouger peut alors apporter un soulagement.
Bon à savoir – Dans 20% des cas, le SJSR peut toucher également les bras.
SJSR et mouvements périodiques des membres
Dans 80% des cas, les personnes souffrant de SJSR expérimentent aussi des myoclonies nocturnes : des secousses involontaires des membres. Aussi appelées mouvements périodiques des membres inférieurs, mouvements périodiques nocturnes ou mouvements périodiques au cours du sommeil, ces secousses se produisent toutes les 20 ou 40 secondes, lors de crises pouvant durer de 5 à 20 minutes. Cela se révèle aussi pénible pour la personne qui les expérimente que pour celle qui partage son lit, et qui est susceptible de recevoir de violents coups de pied.
SJSR : qui est concerné ?
On estime que le SJSR affecte 8,5% des Français, et que 2% de la population présente ces symptômes plusieurs fois par semaine. Les impatiences se manifestent généralement à l’âge adulte, et elles touchent plus souvent les femmes.
Le SJSR peut cependant affecter les enfants et les adolescents. En effet, 38 à 45% des adultes atteints d’impatiences déclarent que leurs symptômes ont débuté avant l’âge de 20 ans. On note par ailleurs que le Trouble Déficit de l’Attention (TDA), la dépression et l’anxiété sont plus courants chez les enfants souffrant de SJSR que chez ceux ne souffrant pas d’impatience.
Les conséquences du SJSR
Le SJSR survenant principalement la nuit, il impacte considérablement la qualité du sommeil, car il provoque de microréveils, voire des réveils.
La première conséquence des SJSR, ce sont bien entendu les troubles du sommeil. Les impatiences se manifestant souvent au moment de s’endormir, elles peuvent conduire à développer une insomnie. Même s’ils sont si brefs qu’ils ne laissent pas de souvenirs, les réveils nocturnes engendrent un manque de sommeil se traduisant par une somnolence diurne, des difficultés de concentration et des troubles de l’humeur.
Le SJSR peut également affecter la santé mentale des patients. Plusieurs études ont ainsi mis en avant un risque accru de dépression et d’idées suicidaires chez les personnes souffrant de SJSR et d’insomnie.
Bon à savoir – Les impatiences peuvent occasionner de sérieux désagréments au cours de la journée : difficulté à parcourir une longue distance à pied ou incapacité à demeurer immobile –debout ou en position assise – pendant une longue période.
Troubles du sommeil, fatigue chronique, dépression ou difficultés au travail : les formes sévères peuvent être éprouvantes au quotidien, voire invalidantes dans la vie familiale, sociale et professionnelle. Pour autant, le syndrome des jambes sans repos n’est pas reconnu comme handicap.
Les causes du syndrome des jambes sans repos
À l’heure actuelle, les mécanismes du SJSR demeurent obscurs. La recherche a toutefois permis d’isoler deux éléments jouant un rôle majeur dans son déclenchement :
- Le manque de dopamine, une substance permettant la transmission de l’information dans le système nerveux ;
- Une carence en fer (avec ou sans anémie), qui diminue la production de dopamine par le cerveau et la moelle épinière.
Bon à savoir – La dopamine est un neurotransmetteur et une hormone sécrétée par certains neurones dopaminergiques. Elle contribue à la motricité fine, à la capacité à se concentrer, mais aussi à la volonté, à l’énergie et à la joie de vivre. C’est le manque de dopamine qui semble être en cause dans la survenue d’idées suicidaires chez certains patients souffrant de SJSR.
Les impatiences nocturnes se divisent en 3 catégories :
- Les impatiences idiopathiques ;
- Les formes familiales du SJSR ;
- Les impatiences secondaires.
Les impatiences idiopathiques
On parle d’impatiences idiopathiques lorsque le SJSR n’a pas de cause identifiée et que la personne qui en souffre n’a pas d’antécédents familiaux.
Les formes familiales du SJSR
Le fait que plusieurs membres d’une même famille puissent être affectés par le SJSR a permis de soupçonner une origine génétique. Celui-ci se traduit par un déséquilibre de la production de dopamine.
Les impatiences secondaires
Les impatiences sont dites secondaires lorsqu’elles sont associées à une autre pathologie, à un comportement, une situation ou un traitement susceptibles d’accentuer les symptômes. On retient principalement :
- L’insuffisance rénale chronique ;
- L’anémie par carence en fer ;
- Le diabète ;
- L’hypothyroïdie ;
- La fibromyalgie ;
- La maladie de Parkinson ;
- La sclérose en plaques ;
- La grossesse ;
- Le surpoids et l’obésité ;
- La prise de médicaments tels que les antidépresseurs, les antihistaminiques, le lithium ou les neuroleptiques.
Le stress, la fatigue ainsi que la consommation d’alcool, de tabac et de caféine sont également des facteurs aggravants du SJSR.
Syndrome des jambes sans repos : traitement
Les impatiences nocturnes sont relativement faciles à diagnostiquer. Pourtant, la prise en charge est souvent tardive, car les personnes qui en souffrent mettent souvent les symptômes sur le compte d’un état de fatigue ou de stress passager. S’il est possible de faire un test du syndrome des jambes sans repos en ligne, il demeure recommandé de consulter votre médecin traitant.
Diagnostiquer le SJSR
En cas de suspicion de SJSR, le médecin prend note des symptômes et de leurs conséquences éventuelles, telles que l’insomnie, la somnolence diurne ou les troubles de l’humeur. Il est important de signaler tout antécédent familial et médical, ainsi que les traitements que vous prenez.
Un examen clinique suffit généralement à établir le diagnostic. Dans certains cas, des examens complémentaires peuvent être envisagés : prise de sang et polysomnographie du sommeil, principalement.
Le traitement du SJSR
Le traitement dépend principalement de l’intensité du SJSR, qui est établi en tenant compte à la fois des symptômes et des répercussions des impatiences au quotidien. L’échelle d’évaluation comporte 4 formes : légère, modérée, sévère et très sévère.
Dans le cas d’impatiences secondaires type diabète, maladie rénale chronique ou anémie par carence en fer, la pathologie en cause est traitée. Lorsqu’un traitement est en cause, il est remplacé lorsque cela est possible.
Les formes légères de SJSR peuvent être traitées de façon naturelle, grâce à des mesures d’hygiène de vie et du sommeil. Dans les formes plus sévères, un traitement médicamenteux est généralement nécessaire. Il est à noter qu’il n’existe pas de traitement spécifique pour le SJSR. En revanche, les médicaments de la famille des agonistes dopaminergiques (pramipexole, ropinirole ou rotigotine) donnent de bons résultats, puisqu’ils pallient le manque de dopamine. Les effets secondaires étant courants, ces médicaments sont prescrits à doses modérées, et leur augmentation est progressive.
En cas de troubles du sommeil liés au SJSR, le médecin peut prescrire des benzodiazépines hypnotiques pendant un court laps de temps. Les médicaments antalgiques type codéine constituent quant à eux un recours en cas de douleurs intenses.
Le syndrome des jambes sans repos peut-il disparaître ?
L’évolution du SJSR est variable d’une personne à l’autre. Il est fréquent que les crises soient espacées de plusieurs années – ce qui peut laisser à penser que le syndrome a disparu. Le plus souvent, cependant, le SJSR est chronique et il est progressif. Le SJSR peut s’accentuer lors des périodes de stress ou de fatigue ou, au contraire, régresser de façon temporaire. Bon à savoir – Le syndrome des jambes sans repos affecte 20 à 30% des femmes enceintes au cours du premier trimestre de grossesse. Dans ce cas très spécifique, il disparaît de lui-même dans les semaines qui suivent l’accouchement.
Comment dormir avec le syndrome des jambes sans repos ?
Certaines astuces permettent de mieux dormir malgré le SJSR. Pour prévenir les crises, vous pouvez adopter de bonnes habitudes en limitant l’alcool, la caféine et la consommation de tabac, et en adoptant des horaires de coucher et de lever fixes. Misez aussi sur l’activité physique en privilégiant l’aérobic : une étude publiée en 2006 a démontré une diminution notable des épisodes d’impatiences nocturnes chez les personnes faisant 3 séances par semaine. La Restless Legs Syndrome Foundation (USA) préconise la relaxation pour mieux vivre – et mieux dormir – avec le SJSR. Parmi les pratiques recommandées : la méditation et le yoga.
En cas de crise, le fait de bouger les jambes apporte un soulagement immédiat. Vous pouvez également vous masser les jambes, et appliquer de la chaleur. L’alternance du chaud et du froid peut également soulager votre inconfort. Il est enfin préconisé de conserver une température relativement fraiche dans la chambre pour limiter les crises.