Parfois confondue avec la fatigue chronique, la somnolence se manifeste par une tendance à s’assoupir au cours de la journée. Elle peut être ponctuelle, et simplement causée par une nuit trop courte, ou être symptomatique d’un trouble du sommeil, voire d’une pathologie comme la dépression ou l’apnée du sommeil.
Somnolence : définition
La somnolence est un état intermédiaire entre l’éveil et le sommeil, suscitant un assoupissement. Il s’agit d’une envie irrésistible et non désirée de dormir dans la journée. Lorsque cette envie survient à l’heure habituelle du coucher, à la suite d’un manque de sommeil nocturne, d’un déjeuner trop copieux ou encore d’autres occasions (soirée festive, nuit blanche…), elle est considérée comme normale et physiologique.
En revanche, si elle se produit en dehors des moments susmentionnés et si elle constitue une gêne quotidienne pour l’individu qui en souffre et pour la société, elle devient pathologique et nécessite une intervention médicale et une stratégie thérapeutique adaptée. On parle donc d’une somnolence diurne excessive qui altère la vigilance et l’attention du patient et induit un état de torpeur et de faiblesse.
Somnolence : quelles sont les causes ?
Si la cause principale de la somnolence réside dans l’insuffisance de sommeil due à une mauvaise hygiène de vie, au décalage horaire, à la prise des somnifères et médicaments hypnotiques ou des substances stimulantes (alcool, caféine, nicotine…), elle peut être provoquée également par d’autres pathologies qui empêchent le patient de somnoler suffisamment pendant la nuit ou entraîne un état de léthargie, voire même d’extrême affaiblissement dans la journée.
Le syndrome d’apnées du sommeil (SAOS)
Cette pathologie se manifeste par des arrêts temporaires et inconscients de la respiration durant la nuit et s’accompagne trop souvent de ronflement, d’un sommeil entrecoupé et des besoins fréquents d’uriner. Ces obstructions respiratoires durent plus de 10 secondes et peuvent se produire des dizaines voire des centaines de fois au cours du sommeil. Ces arrêts nuisent à la qualité du sommeil et peuvent provoquer une mauvaise oxygénation du sang.
Le syndrome des mouvements périodiques des membres inférieurs
Ce syndrome, qui se produit durant l’endormissement, est caractérisé des mouvements répétés, impatients et brusques des pieds et des jambes (tressaillement, étirement des jambes), des sensations profondes anormales au niveau de ces membres inférieurs (démangeaison, picotement, fourmillement) et un besoin irrésistible de bouger. Le patient peut même gêner son conjoint en lui infligeant des coups des pieds durant la nuit.
La narcolepsie
Il s’agit d’une maladie rare qui se manifeste par des épisodes brusques et irrépressibles d’endormissement, à raison de 10 à 15 minutes chacune, qui peuvent persister tout au long de la vie. Cette pathologie est attribuée à un dérèglement dans la sécrétion du neurotransmetteur « l’hypocrétine » par l’hypothalamus, qui régule le cycle veille-sommeil. Le malade peut également souffrir d’un accès de cataplexie, c’est-à-dire d’une perte du tonus musculaire qui s’accompagne d’un effondrement musculaire généralisé (chute de tout le corps) ou partiel (affaissement de la mâchoire, du cou, de la tête ou des épaules).
L’hypersomnie idiopathique
C’est une pathologie neurologique qui se traduit par une difficulté de se lever le matin et une impression de n’être jamais tout à fait bien réveillé, et ce malgré un sommeil nocturne de bonne qualité. Le patient encourt généralement une somnolence diurne excessive avec des siestes longues et non réparatrices. Cela entraîne des troubles de la vigilance, une ivresse du sommeil et une sensation de « gris » toute la journée, provoquant un vrai retentissement sur le quotidien du sujet.
Autres causes possibles
D’autres maladies peuvent également causer la somnolence diurne excessive, notamment :
- La parasomnie, en particulier le bruxisme ou le somnambulisme ;
- Une maladie du système nerveux, telle que les troubles bipolaires, la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou encore la sclérose en plaques ;
- Une maladie métabolique, telle que le diabète, l’hypoglycémie, l’hépatite, la fibromyalgie, l’asthme, l’insuffisance cardiaque ou rénale et les maladies rhumatismales ;
- Une maladie endocrinienne, telle que l’hypothyroïdie, l’acromégalie et le syndrome de Prader-Willi ;
Une maladie psychiatrique, telle que les troubles schizo-affectifs, la dysthymie, les troubles de l’ajustement et les troubles de la personnalité.
Quelles sont les conséquences de la somnolence ?
La somnolence diurne interfère avec la vie personnelle et professionnelle du patient. Au niveau personnel, celui-ci peut avoir des difficultés sociales et familiales dues à des problèmes de régulation de l’humeur et des émotions. Il encourt également un risque d’accident de la route qui peut être mortel.
Au niveau professionnel, les problèmes de concentration et de vigilance qui en découlent sont susceptibles d’altérer les performances scolaires ou d’emploi du sujet. Le sommeil involontaire augmente également le risque de retard au travail, voire d’absentéisme.
Les symptômes de la somnolence
À l’instar des signes qui interviennent avant le sommeil, les symptômes de la somnolence diurne incluent des picotements des yeux, des clignements des paupières et des bâillements. Le patient présente également des changements soudains de l’humeur, de la personnalité et du comportement. S’y ajoutent une baisse d’énergie, une fatigue excessive et des troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire. Le sujet a toujours une sensation de ne pas avoir bien dormi, d’être dans l’assoupissement, ce qui entraîne un réveil matinal pénible, un besoin de s’allonger durablement et des endormissements involontaires et répétitifs tout au long de la journée.
Des troubles psychologiques tels que l’anxiété, la dépression et le stress peuvent également se manifester. Dans des cas extrêmes, la somnolence peut entraîner :
- La perte de la conscience ou l’absence de réaction ;
- La confusion, des délires et des hallucinations ;
- Des convulsions ou des crises d’épilepsie ;
- Des maux de tête sévères et la raideur de la nuque.
Le diagnostic de la somnolence
Le diagnostic correct de la cause sous-jacente de la somnolence diurne permet d’établir le traitement adéquat. Ce diagnostic découle d’un interrogatoire effectué par un médecin, précisant les heures habituelles de sommeil du patient et sa qualité ainsi que les différents épisodes de somnolence dans la journée. Dans certains cas, le diagnostic est clinique et doit être confirmé par un enregistrement polysomnographique (examen visant à étudier la physiologie du sommeil), suivi d’un test de somnolence itératif de latence pour déterminer le besoin irrépressible d’endormissement diurne et aider à diagnostiquer des conditions de somnolence idiopathique et de narcolepsie. Cette dernière peut être également diagnostiquée à l’issue d’une ponction lombaire pour mesurer le taux d’hypocrétine.
Le diagnostic peut également reposer sur un test électro-encéphalographique dans un laboratoire de sommeil pour mesurer l’activité cérébrale électrique. L’optique étant de révéler de possibles anomalies du cerveau non retrouvées lors d’examens standards.
Quelle solution ?
Le traitement de la somnolence diurne s’effectue en fonction de la cause sous-jacente. À l’issue d’un diagnostic, le médecin peut prescrire une solution thérapeutique adaptée :
L’insomnie chronique
En cas d’insomnie chronique et d’impossibilité de dormir suffisamment d’heures par nuit, il est recommandé d’opter pour le sommeil biphasique et de s’accorder une sieste à l’après-midi, idéalement entre midi et 15h, d’une durée n’excédant pas 20 min. Le stress constituant la principale cause d’insomnie, une thérapie comportementale peut être préconisée.
Les troubles respiratoires liés au sommeil – l’apnée
Il convient d’éviter l’obstruction des voies respiratoires par le biais d’un dispositif médical porté chaque nuit, l’orthèse d’avancée mandibulaire. Le traitement peut également consister en la ventilation nocturne en pression positive continue au masque nasal pour dispenser suffisamment d’air au dormeur.
Les troubles du sommeil : la narcolepsie et l’hypersomnie idiopathique
L’administration d’un composé non amphétaminique, le modafinil, à la dose de 200 à 400 mg/j, peut être envisagée pour traiter la somnolence diurne excessive et les accès de sommeil irrésistible qui en découlent. S’y ajoute l’oxybate de sodium, qui peut être utilisé en cas de narcolepsie en deux doses égales (4,5 g à 9 g chacune), l’une au coucher et l’autre au milieu de la nuit. La combinaison de ces deux médicaments donne généralement des résultats supérieurs à ceux de l’un ou l’autre administré seul. La prise d’une ou plusieurs siestes brèves dans la journée peut aussi être recommandée comme mesure comportementale à adopter par le patient.
Si la somnolence diurne est due à d’autres maladies (métaboliques, du système nerveux, endocrinien, psychiatrique…), une thérapie personnalisée et adaptée, et des siestes dans la journée permettent au patient de retrouver son sommeil normal et d’améliorer ainsi ses capacités d’attention et de vigilance. De même, si ce besoin d’endormissement découle d’un usage de substances stimulantes, l’arrêt de leur utilisation en est la solution recommandée.
La somnolence au volant
Le changement d’état de conscience qui accompagne la somnolence diurne peut avoir des conséquences comportementales graves pour une personne au volant de sa voiture. Près de 20% des accidents de la route sont attribués à la somnolence, et 15% des accidents mortels sur l’autoroute. Selon des données en matière d’accidentologie, les risques d’accident augmentent entre 2 h et 5 h du matin ou si le conducteur a passé un moment d’éveil prolongé ou une durée du sommeil nocturne inférieure à 5 heures.
La somnolence diurne diminue la précision et la vitesse de traitement de l’information et agit sur la vigilance et l’attention en les dégradant. Toute activité exercée en ces moments, telle que la conduite, présente ainsi des risques d’erreur augmentés.
Les signes de somnolence au volant
Il est difficile, voire impossible, de contrer le besoin irrépressible de dormir au volant à moins qu’on se rende compte de ses signes et qu’on maitrise leur évolution. La plupart des conducteurs qui essaient de garder leurs yeux ouverts alors qu’ils sont en état de somnolence finissent par dévier de leur trajectoire.
Il est urgent de s’arrêter prendre une pause en cas de difficultés de concentration, raideurs de la nuque et des épaules, douleurs dorsales, fixité du regard (paupières lourdes, picotement des yeux, clignement des paupières), bâillements répétés, engourdissement jambes, impression de ne pas se souvenir du chemin parcouru et un besoin de changer fréquemment de position.
Que faire en cas de somnolence au volant ?
Pour minimiser les risques de somnolence lors de la conduite, le conducteur doit anticiper en prenant toutes les mesures nécessaires :
- Être reposé avant la prise du volant ;
- Se positionner confortablement et correctement derrière le volant ;
- Éviter les repas copieux, l’alcool, la prise de somnifère ou de tout autres médicaments à effet somnolent ;
- Prendre une micro sieste au minimum toutes les deux heures ;
- Maintenir une température modérée au sein du véhicule.
Enfin, il convient d’éviter de conduire si le sujet souffre d’une somnolence due à une pathologie du sommeil ou à une autre maladie qui induit un état d’assoupissement.
La somnolence chez les personnes âgées
Les plaintes concernant les altérations du sommeil chez le sujet âgé sont fréquentes, avec en premier lieu la plainte de somnolence diurne excessive. Si le nombre d’heures de sommeil demeure à peu près stable, la qualité du sommeil se modifie avec l’âge. La capacité à s’endormir s’altère, tout comme augmentent le nombre d’éveils et leur durée.
Les seniors ont ainsi tendance à avoir un sommeil fragmenté et moins réparateur, ce qui entraîne des siestes parfois trop longues, empêchant de trouver le sommeil le soir. À cela s’ajoutent la diminution de leurs activités physiques diurnes, leur faible exposition aux variations de la température et à la lumière et leurs heures de repas et de coucher souvent trop précoces. Cet ensemble de facteurs perturbe le rythme circadien, entraînant une somnolence diurne, parfois accompagnée d’insomnies.
À ces tendances naturelles s’ajoutent d’autres causes possibles de la somnolence excessive chez les personnes âgées. L’utilisation de certains médicaments, les démences de type Alzheimer, la dépression, les tumeurs cérébrales sont parmi les causes principalement observées chez les seniors en plus de celles précitées.
Cette somnolence diurne des seniors entraîne un risque accru de développer certaines maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertension artérielle, le cancer, les troubles musculosquelettiques, l’arthrite, la tendinite ou encore le lupus. Il est donc essentiel de surveiller leur sommeil pour pouvoir diagnostiquer précocement certaines pathologies et mettre en place une thérapie adaptée.
La somnolence post-prandiale
Définition
Le terme « post-prandial » réfère à ce qui se produit après le repas. La somnolence post-prandiale désigne donc un besoin excessif de sommeil qui survient après les repas.
Les causes de la somnolence post-prandiale
Rythmes biologiques, températures, hormones, quantité et nature des aliments, maladies sous-jacentes, plusieurs facteurs expliquent l’apparition de la somnolence post-prandiale.
Causes physiologiques
Le rythme circadien contrôle le cycle du sommeil et la plupart des fonctions vitales. Des pics de somnolence surviennent naturellement en fin de nuit et en début d’après-midi, entre 14h et 16h, et sont accompagnés d’une augmentation de sécrétion de mélatonine – hormone associée à un effet hypnotique et à une propension accrue au sommeil.
Ensuite, le processus digestif requiert beaucoup d’énergie. La mastication, la déglutition, l’absorption des aliments et la transformation du bol alimentaire peuvent s’avérer fatigantes pour l’organisme, surtout lorsqu’il s’agit de repas riches et copieux. Dans ce cas, le taux de glycémie dans le sang peut augmenter et sa régulation exige une sécrétion, parfois importante, d’insuline par les cellules du pancréas. Cela conduit à une forte hypoglycémie (baisse de la glycémie) qui mène à un état de somnolence, d’autant plus fort si ce repas est accompagné d’une consommation d’alcool.
Environnement et mode de vie
Une température élevée favorise l’état de somnolence après le repas. Dans les pays industrialisés, le temps de sommeil nocturne tend à baisser, et il est parfois de mauvaise qualité, ce qui accentue la somnolence.
Les conséquences de la somnolence post-prandiale
La somnolence post-prandiale peut porter préjudice à la vie professionnelle du sujet en ayant très souvent un impact sur l’efficacité au travail et en rendant parfois impossible tout effort de concentration. Le sujet peut être contraint à prendre une sieste ou à demeurer dans son apathie et sa lassitude générale et ce, même si les circonstances ne le permettent pas (p. ex. lors d’une réunion ou d’une journée de travail chargée). Les conséquences sont encore plus fâcheuses dans de nombreuses branches professionnelles qui demandent rigueur et vigilance et pour tout conducteur qui passe sa journée à sillonner les routes.
Somnolence post-prandiale : quelle solution ?
Pour éviter le coup de barre au bureau, il convient de s’attaquer à ses causes ou de recourir à certaines astuces pour limiter ses effets.
Prendre des repas légers
Évitez de prendre des repas riches en graisses, en sel et en sucres rapides et complexes afin de ne pas compliquer la digestion et faire baisser l’énergie corporelle. Privilégiez plutôt des sources de glucides et de sucres lents qui se diffusent plus lentement dans le sang (les légumineuses, les féculents, les patates douces, le quinoa, les amendes).
Boire suffisamment d’eau
Les boissons alcoolisées et sucrées favorisent la déshydratation et le besoin d’endormissement. Pour contrer cela, envisagez de boire suffisamment d’eau toute la journée. À titre d’information, l’eau permet de maintenir le volume de sang dans le corps, ce qui est essentiel à la respiration des cellules. Il permet également d’assurer une bonne salivation, ce qui tend à faciliter l’absorption, le transport et la digestion des aliments ingérés. S’y ajoute sa contribution à réguler la température du corps et à l’élimination des déchets par l’urine. Tout cela permet de garder une bonne vigilance et productivité dans la journée, et ce, même dans la période post-prandiale.
Avoir un sommeil suffisant
Une bonne qualité du sommeil permet de faire face au sommeil post-prandial. Veillez donc à mieux dormir pendant la nuit en ayant des heures de sommeil suffisantes, à vérifier la qualité de la literie et à opter pour un espace qui ne dérange pas durant l’endormissement (absence de bruit et de luminosité).
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