Le somnambulisme est un trouble du sommeil qui survient principalement dans la petite enfance et qui tend généralement à disparaître au cours de l’adolescence. Toutefois, on estime qu’il touche près de 1 adulte sur 20. Quoique la recherche mette en cause une prédisposition génétique, et certains facteurs aggravants tels que le stress et le manque de sommeil, cette parasomnie est encore mal comprise. En outre, le somnambulisme questionne toujours, l’interrogation la plus commune étant : faut-il réveiller un somnambule ?
Somnambulisme : qu’est-ce que c’est ?
Le somnambulisme est une parasomnie : une catégorie de troubles du sommeil qui se manifestent pendant la nuit par des comportements ou des mouvements indésirables pendant le sommeil.
Le somnambulisme est un trouble du sommeil appartenant à la catégorie des parasomnies du sommeil lent profond, tout comme la paralysie du sommeil, l’hypersomnie, les terreurs nocturnes et l’éveil confusionnel. On parle parfois aussi de parasomnie du sommeil sans mouvements oculaires rapides (NREM).
La crise de somnambulisme survient généralement en première partie de nuit, avant la phase de sommeil paradoxal, quelques heures après l’endormissement, durant la phase de sommeil profond. Ce trouble ne se manifeste pas durant une sieste. Il touche le plus souvent les enfants, bien qu’il puisse également se manifester chez les adultes.
Lors d’une crise de somnambulisme, le sujet se trouve dans un état d’éveil dissocié ou d’éveil incomplet : il présente une activité motrice et peut même occasionnellement répondre ou obéir à un ordre, tout en dormant.
Une récente étude, réalisée par des chercheurs français montre par ailleurs que certaines caractéristiques du somnambulisme et du trouble comportemental en sommeil paradoxal se recoupent.
Le comportement le plus courant consiste à s’asseoir sur le lit les yeux ouverts et/ou faire des gestes répétitifs. Dans certains cas, la crise de somnambulisme donne lieu à des comportements plus complexes : se lever, marcher, voire sortir en dormant. Il est à noter que si le somnambule peut parler, il s’en tient généralement à des mots monosyllabiques – comme oui ou non. Par ailleurs, ces mouvements sont lents et souvent maladroits.
Somnambule : enfance
Le somnambulisme est assez fréquent chez les enfants : on estime que 15 à 30% expérimentent au moins une fois un épisode, et environ 6% présentent des épisodes récurrents.
Les premiers symptômes apparaissent entre l’âge de 2 et 12 ans, avec une plus grande fréquence d’épisodes à partir de 7 ans. Tout comme la terreur nocturne, ce trouble semble plus fréquent chez les garçons. Le somnambulisme disparaît le plus souvent spontanément au cours de l’adolescence, période au cours de laquelle le temps de sommeil lent diminue fortement.
Le sommeil de l’enfant, en particulier celui du nourrisson, conserve des zones d’ombres. Il semble cependant établi que le somnambulisme ne touche donc pas les tout-petits. On peut penser à un bébé somnambule lorsqu’un nourrisson ouvre les yeux et s’agite, en sueur, en ne semblant pas conscient de la présence de ses parents : il s’agit en réalité d’épisodes d’éveil confusionnels.
Somnambule : et les adultes ?
Le somnambulisme toucherait 1 à 4% des adultes. Si les chiffres sont délicats à obtenir, c’est qu’il est courant de souffrir de somnambulisme sans en être conscient, et il arrive fréquemment de le découvrir grâce à la personne qui partage sa vie.
Chez l’adulte, le somnambulisme semble intimement lié au niveau de stress et d’anxiété, à des symptômes dépressifs, ainsi qu’à une difficulté à gérer les pulsions agressives. Cependant, il est extrêmement délicat à l’heure actuelle de déterminer si ces symptômes sont à l’origine des crises de somnambulisme, ou s’ils en sont la conséquence.
Les dangers du somnambulisme
La plupart du temps, le somnambulisme est anodin : cependant, chez les enfants, il ne faut pas négliger le risque de blessures. Il est donc recommandé de sécuriser la chambre des petits afin de limiter les risques au maximum. Il est par ailleurs recommandé d’informer le pédiatre de l’apparition de ce type de trouble du sommeil.
Le risque de blessure durant une crise de somnambulisme est tout aussi important chez l’adulte, qui peut en outre avoir des comportements à risque – par exemple en tentant de conduire ou en manipulant des outils tranchants. Là encore, il est judicieux de prendre des mesures de sécurité adaptées.
Les spécialistes du sommeil distinguent trois types de somnambulisme :
- Le somnambulisme dit classique est le plus courant, et le plus anodin : il est d’ailleurs généralement facile de raccompagner le sujet dans son lit, sans qu’il ne manifeste de résistance ;
- Le somnambulisme dit à risque touche majoritairement les personnes ayant des antécédents médicaux. Il se traduit par des crises durant plus de 10 minutes et se produisant à un rythme fréquent, au cours desquels le sujet est susceptible de s’en prendre à lui-même et à ses proches ;
- Le somnambulisme de terreur qui associe le somnambulisme à risque et les terreurs nocturnes : cette forme spectaculaire peut pousser le sujet à crier et à courir, et le risque de défenestration augmente de manière significative.
On distingue en outre des formes de somnambulismes extrêmes très rares, principalement chez l’adulte :
- Le somnambulisme agressif, provoquant des crises durant lesquelles le dormeur peut commettre des actes violents envers une tierce personne ;
- Le somnambulisme sexuel – ou « sexomie ». Ce type de crise qui peut se traduire par des actes tels que l’exhibitionnisme, des actes sexuels en dormant ou des comportements explicites involontaires.
Le somnambulisme alimentaire, enfin, est considéré à la fois comme un trouble du sommeil et comme un trouble alimentaire. Au cours des crises, le sujet mange – en privilégiant des aliments qu’il s’interdit durant la journée. Cette forme de somnambulisme est fréquemment associée à un régime alimentaire strict, mais elle peut survenir de manière occasionnelle.
Somnambulisme : les causes
Voici plusieurs décennies que la recherche s’interroge : pourquoi devient on somnambule ? Le facteur génétique semble jouer un rôle important, puisque l’on relève des antécédents familiaux chez 80% des somnambules. Certaines recherches tendent à mettre en cause un gène spécifique, lié aux parasomnies du sommeil lent profond. De fait, il est courant que les somnambules expérimentent aussi les terreurs nocturnes ou la somniloquie (le fait de parler en dormant).
La science a permis d’isoler par ailleurs des facteurs augmentant les risques de somnambulisme :
- Les états de détresse psychologique, d’anxiété et de stress ;
- Certains troubles du sommeil tels que l’apnée du sommeil, la narcolepsie, le syndrome des jambes sans repos ou un trouble du rythme circadien ;
- Les infections et la fièvre ;
- La privation de sommeil ;
- La consommation excessive de substances psychoactives, de drogues ou d’alcool ;
- L’utilisation de certains médicaments, par exemple des sédatifs.
Somnambulisme : symptômes et diagnostic
Si vous-même ou l’un de vos proches semblez souffrir de somnambulisme, il est important de consulter un professionnel afin de confirmer le diagnostic.
Comment savoir si on est somnambule ?
Contrairement à la paralysie du sommeil ou aux hallucinations, une crise de somnambulisme ne laisse aucun souvenir. Il est très difficile de déterminer soi-même si l’on est somnambule. Toutefois, certains signes peuvent vous alerter :
- Des blessures dont vous ignorez l’origine ;
- Des objets qui semblent s’être déplacés ;
- De brefs souvenirs d’une nuit agitée ;
- Une fatigue importante au réveil ;
- Une tendance à beaucoup bouger durant la phase d’endormissement.
Somnambulisme : gare aux confusions !
Ce sont généralement les parents ou le conjoint qui alertent sur les symptômes de somnambulisme. Ce trouble du sommeil peut pourtant prêter à confusion : il s’agit donc de ne pas le confondre avec d’autres troubles :
- L’éveil confusionnel se produit en cas de réveil durant un sommeil très profond : le sujet peut se montrer incohérent pendant de longues minutes ;
- Les terreurs nocturnes se caractérisent par des cris, une accélération du rythme cardiaque, et une réelle panique : la crise cesse spontanément et brutalement, et le sujet se rendort, sans conserver de souvenir de l’épisode ;
- Le cauchemar est un rêve angoissant qui se déroule durant les stades de sommeil paradoxal, en seconde partie de nuit : il provoque un réveil, et le sujet est alors anxieux, mais conscient.
Somnambule : qui et quand consulter ?
Les épisodes isolés de somnambulisme ne sont pas inquiétants. Ce trouble du sommeil ne doit cependant pas être pris à la légère pour autant, en particulier lorsque les crises sont fréquentes et qu’elles nuisent à la vie de famille ou à la vie de couple, ou quand elles donnent lieu à des actes embarrassants.
La première étape est d’en parler à votre médecin traitant, qui vous orientera vers le spécialiste approprié : généralement un médecin du sommeil, un psychiatre ou un neurologue.
Chez l’adulte, il est en effet recommandé de procéder à des examens du sommeil – notamment l’électroencéphalogramme et la polysomnographie, voire dans certains cas un enregistrement vidéo. Il s’agit de déterminer que le somnambulisme ne soit pas en lien avec une pathologie nécessitant une prise en charge médicale :
- Niveau d’anxiété très élevé ;
- Troubles psychologiques ;
- Épilepsie du lobe frontal ;
- Apnée du sommeil.
Somnambulisme : les traitements
Le somnambulisme n’étant pas une maladie en lui-même, le recours à un traitement médicamenteux est rare. Généralement, il s’agit de traitements destinés à améliorer la qualité du sommeil et à faciliter l’endormissement, à base benzodiazépines. Ce type de traitement vise à réduire la durée de la phase de sommeil lent profond. Toutefois, le risque de dépendance étant important, il est prescrit à faible dose, et pour une durée limitée.
Dans certains cas, on aura recours à l’hypnose ou encore à des thérapies comportementales, visant à réduire l’anxiété, le stress et, lorsque c’est nécessaire, à améliorer la gestion des pulsions agressives. Cette démarche doit s’accompagner d’une bonne hygiène de vie et de sommeil.
Il est donc recommandé d’adopter de bonnes habitudes pour dormir, en adoptant un rythme de sommeil régulier : des horaires fixes et une durée du sommeil suffisante, à savoir plus de 8 heures par nuit.
Afin de mieux dormir pendant la nuit et de prévenir les risques, n’hésitez pas à mettre au point un rituel du soir, en privilégiant les activités calmes, telles que la lecture, la relaxation, le yoga ou la méditation guidée. Limitez en revanche au maximum l’exposition aux écrans et les activités physiques intenses en fin de journée.
Veillez à la qualité de votre environnement de sommeil. Les bruits indésirables semblent aggraver les risques de somnambulisme et de terreur nocturne : assurez vous donc que la pièce soit calme et sombre.
Enfin, apportez un soin particulier à votre alimentation : si les excitants comme la caféine sont déconseillés, il est prouvé que somnambule et alcool ne font pas bon ménage. La consommation d’alcool aggrave considérablement les risques, notamment en cas de somnambulisme sexuel.
Somnambulisme : que faire en cas de crise ?
Bien que le somnambulisme soit bénin et qu’il cesse spontanément dans la majorité des cas, il est indispensable de savoir gérer les épisodes de somnambulisme.
Un environnement sécurisé
La priorité lors d’une crise de somnambulisme, c’est bien entendu de limiter au maximum les risques de blessure. Il est donc recommandé d’anticiper, afin de prévenir le danger. Ainsi, on évitera le lit superposé pour un enfant somnambule. Il est aussi recommandé de sécuriser les escaliers à l’aide d’une porte et de verrouiller les ouvertures : portes et fenêtres.
Un somnambule ne ressent pas la douleur, y compris en cas de blessure sévère : il est donc important de tenir les objets tranchants et autres équipements dangereux hors de portée ou dans un placard fermé à clé.
Pourquoi ne pas réveiller un somnambule ?
Pendant longtemps, on a affirmé qu’il ne fallait en aucun cas réveiller un somnambule. Cela ne présente pas de risque majeur pour le sujet lui-même, qui n’est exposé ni à un dommage cérébral ni à un risque cardiaque. En revanche, la crise de somnambulisme se manifestant durant une phase de sommeil lent profond, le réveil est extrêmement difficile. Il peut donner lieu à un état confusionnel et entraîner des réactions violentes et irrationnelles, pouvant conduire à une blessure du sujet ou de la personne qui le réveille.
Les spécialistes recommandent généralement de raccompagner un somnambule dans son lit en faisant preuve de douceur : il est en effet tout à fait possible de toucher une personne somnambule sans que cela ne la réveille.
En cas de danger imminent, il est en revanche conseillé d’intervenir et de réveiller le sujet. Il est alors plus efficace de lui parler – de préférence sans crier – plutôt que de tenter de le secouer.
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