Une étude présentée fin novembre lors du Congrès du sommeil à Lille, organisé par la Société française de médecine et de recherche du sommeil (SFRMS) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF), remet en question la fiabilité des objets connectés grand public (les trackers). D’après les personnes souffrant de trouble du sommeil, ces dispositifs sont insuffisants pour assurer un diagnostic et un suivi efficace.
L’expansion des objets connectés dans le domaine du sommeil
Trois quarts des Français souffriraient de trouble du sommeil. Dans une quête vers des nuits douces et réparatrices, les gadgets connectés sont de plus en plus populaires. D’ailleurs, le marché des trackers a tellement explosé ces dernières années, que nous pouvons désormais parler de « Sleep Tech », c’est-à-dire la technologie du sommeil.
Parmi ces dispositifs inventés pour mieux dormir, on retrouve :
- un réveil connecté pour un réveil en douceur ;
- des applications mobiles pour suivre le cycle du sommeil ;
- les montres ou les bracelets connectés pour analyser la qualité du sommeil ;
- des matelas anti-ronflements qui se relèvent pour libérer les voies respiratoires ;
- les masques ou les bandeaux de sommeil pour détecter et mesurer l’activité cérébrale pendant la nuit.
Fiabilité des mesures de sommeil par rapport aux méthodes traditionnelles
Selon l’étude menée par le Dr Justine Frija-Masson et ses collègues du Digital Medical Hub à l’hôpital Bichat à Paris, les dispositifs d’étude et de suivi du sommeil peuvent présenter plusieurs problématiques.
L’étude a évalué la fiabilité métrologique de deux objets connectés, la Fitbit Alta HR et la Withings Activité, auprès de 65 participants. Les résultats de ces dispositifs ont été comparés à une polysomnographie, considérée comme l’examen du sommeil de référence.
En résulte que :
- les objets connectés repèrent assez bien le début et la fin du sommeil, avec quelques minutes d’écart par rapport à la polysomnographie ;
- le temps de sommeil total est toutefois surestimé, avec une moyenne de 15 minutes de plus pour la montre Withings et près d’une demi-heure pour la Fitbit ;
- la Fitbit surestime la durée du sommeil léger et profond, tandis que la Withings capte mal certains stades du sommeil.
L’étude suggère que, par rapport à la polysomnographie, les dispositifs connectés grand public sont peu fiables chez les personnes qui souffrent de problèmes de sommeil. Les résultats concluent que ces dispositifs ne doivent pas être utilisés pour un diagnostic médical ou un suivi clinique.
Facteurs influents sur la fiabilité des objets connectés
Plusieurs facteurs influencent la fiabilité des trackers, notamment la métrologie (mesure et étalonnage) de ces objets jugés « très peu, voire pas du tout réalisés avant leur commercialisation« . Ce paramètre est particulièrement important puisque le manque de précision dans la conception initiale peut affecter la fiabilité des mesures.
L’étude souligne également une « très mauvaise » concordance entre les données enregistrées par les gadgets connectés et la polysomnographie. Les coefficients kappa indiquent une concordance équivalente à celle du hasard, ce qui souligne l’écart entre les mesures des dispositifs connectés et celles de la méthode traditionnelle.
Conseils pour une utilisation optimale des objets connectés pour dormir
Pour bien utiliser les objets connectés, il ne faut d’abord pas les considérer comme des dispositifs médicaux. Les données recueillies peuvent donner une idée générale, mais elles ne remplacent pas les diagnostics professionnels de santé.
Choisissez des modèles bien évalués et reconnus pour leur précision. Privilégiez les dispositifs qui ont été soumis à des études de validation métrologique indépendantes. Enfin, faites preuve de prudence quant aux données récoltées.
En cas de problèmes de sommeil persistant ou si vous vous sentez inquiets par rapport aux résultats fournis par vos objets connectés, tournez-vous vers votre médecin.