Les trackers de sommeil ont aidé des millions de personnes à mieux comprendre la qualité de leur sommeil et même à initier de bonnes habitudes de coucher. Mais beaucoup n’ont pas réalisé que ces appareils pouvaient se retourner contre eux en provoquant des comportements obsessionnels. En 2017, dans une étude menée par des chercheurs, on découvrait le terme « orthosomnie », inventé pour décrire la quête perfectionniste d’un sommeil idéal.
Qu’est-ce que l’orthosomnie ?
L’orthosomnie désigne l’obsession du sommeil parfait. Ce terme associe « ortho », qui signifie droit ou correct, et « somnia », qui renvoie au sommeil. Les personnes atteintes d’orthosomnie sont focalisées sur les données fournies par leur montre connectée ou leurs applications de suivi du sommeil. Elles deviennent anxieuses à l’idée d’obtenir une nuit de sommeil « parfaite » et ressentent le besoin constant de la reproduire.
Quand le suivi du sommeil pose-t-il problème ?
Imaginez : vous vous réveillez en pleine forme, en ayant l’impression d’avoir passé une très bonne nuit. Pendant votre petit-déjeuner, vous consultez les données de votre tracker de sommeil qui vous indique un score de sommeil de 32 seulement ! Soudainement, vous vous sentez stressé et fatigué, alors que tout allait parfaitement bien…
Le suivi du sommeil devient un problème lorsque vous devenez obsédé ou préoccupé par le fait d’obtenir « la bonne quantité » de sommeil. Comme toute tendance perfectionniste, vous pouvez alors penser que votre sommeil n’est pas suffisant ou d’une moindre qualité, ce qui crée un cercle vicieux d’anxiété, d’insomnie et même de symptômes physiques.
Avec le temps, cela peut entraîner des niveaux élevés d’anxiété et de stress liés au sommeil. Pour des raisons évidentes, ces angoisses altèrent nécessairement les cycles de sommeil et exacerbent le problème, puisque les nuits deviennent moins bonnes et moins réparatrices.
Se rendre compte des limites des trackers de sommeil
Même s’il existe plusieurs avantages aux appareils de suivi de sommeil, il convient de ne pas oublier leurs limites pour relativiser, et ne pas sombrer dans l’obsession. Kenneth Sassower, médecin spécialiste de la médecine du sommeil au Massachusetts General Hospital, précise que ces objets connectés ne peuvent pas mesurer avec précision toutes les phases de sommeil, comme le sommeil paradoxal. Ces imprécisions peuvent conduire à des résultats trompeurs et provoquer un stress inutile chez les utilisateurs.
Gardez donc en tête que les données obtenues ne sont pas toujours précises.
Comment bien se servir des objets connectés pour le suivi du sommeil ?
Prenez du recul en vérifiant vos statistiques de sommeil une fois par semaine seulement. Cela vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sans vous focaliser sur les variations journalières. Chaque personne étant unique, les besoins en sommeil diffèrent. Les variations sont donc normales, et ne soulignent pas forcément un problème dans votre sommeil.
En observant les données hebdomadaires, vous serez en mesure d’identifier les tendances générales et de corriger d’éventuelles mauvaises habitudes sans vous laisser submerger par des changements mineurs qui peuvent être anxiogènes.
Faites confiance à votre intuition, mais aussi à vos propres sensations. Si vous vous réveillez et que vous vous sentez reposé, c’est que vous avez très probablement passé une bonne nuit ! Peu importe ce qu’en dit votre tracker.
En somme, des recherches à plus long terme seraient nécessaires pour bien comprendre l’ampleur de l’impact des appareils de suivi du sommeil sur les individus. Si vous utilisez un anneau de suivi du sommeil, un matelas intelligent ou un bracelet, il vaut donc mieux prendre du recul et éviter d’être trop focalisé sur ces données.
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