On reproche souvent aux jeux vidéo d’avoir des effets négatifs sur le sommeil. Ces accusations sont-elles justifiées ou est-ce une généralisation hâtive ?
L’attrait irrésistible des jeux vidéo : entre engouement et dépendance
Les jeux vidéo possèdent cette incroyable capacité à captiver et à susciter un fort engouement, ce qui peut parfois entraîner une dépendance chez certains utilisateurs. Gameplay interactif, quêtes immersives, défis stimulants, mode multijoueur… autant de raisons pour se retrouver immergé dans l’univers attrayant des jeux électroniques, sans même se rendre compte du temps qui s’écoule.
Malheureusement, cette immersion totale peut engendrer un comportement compulsif, où les joueurs ont du mal à se détacher de l’écran.
Les adolescents d’hier dépassaient le couvre-feu, plongés dans les jeux Pokémon ou Zelda sur leur Game Boy Color. Plus récemment, c’est le jeu Fortnite qui a suscité les inquiétudes des parents en France et dans le monde entier. Les médias traditionnels ont multiplié les reportages sur ce jeu, le présentant comme une cause de troubles du sommeil et d’insomnies.
Alors oui, comme toute addiction, être accro aux consoles peut provoquer des sentiments d’anxiété et d’excitation. Rien de bon pour réussir à se coucher à horaire fixe. Mais, les jeux en eux-mêmes ne sont pas le véritable problème.
Les jeux vidéo : un coupable injustement accusé de perturber le sommeil
Il est effectivement injuste d’affirmer que jouer à la console empêche de dormir et a un impact direct sur la santé mentale en général. La science ne le prouve pas clairement. Jusqu’à présent, aucune étude sérieuse n’a effectivement pu démontrer de manière concrète l’impact direct du gaming sur le sommeil. Le simple fait de céder à la tentation de jouer jusqu’à tard dans la nuit suffit à perturber le rythme biologique de n’importe quel individu. Quant aux enfants, certains risquent de moins dormir, car ils seront plongés dans de longues parties qu’ils auront du mal à interrompre. D’autres, une fois au lit, peineront à s’endormir à cause de l’excitation causée par le jeu.
Sauf que c’est exactement la même chose pour un film divertissant, un manga captivant ou un jeu de plateau stimulant. Outre les jeux en eux-mêmes, ce sont les comportements non raisonnés et l’usage excessif et non contrôlé qui auraient un impact négatif sur l’endormissement.
L’influence du gaming sur le sommeil : les réactions du cerveau
Le sommeil est un processus complexe régulé par notre horloge biologique interne. Les obstacles aux nuits reposantes peuvent être causés par différents facteurs tels que le stress quotidien, les préoccupations personnelles ou professionnelles, les habitudes de sommeil irrégulières, ou encore une consommation excessive de caféine ou de stimulants.
Forcément, jouer à un jeu d’horreur comme Evil Within ou à un jeu compétitif comme Battlefront augmente le processus. Face à de tels jeux, le cerveau peut réagir comme suit :
- Réponse d’adaptation au stress : accélération du rythme cardiaque, augmentation de la tension musculaire et vigilance accrue due à la libération d’hormones comme l’adrénaline.
- Activation du système de récompense : libération de la dopamine, associée au plaisir et à la motivation, lors de la réussite d’objectifs ou de la résolution de problèmes dans le jeu.
- Activation de l’amygdale : la partie du cerveau responsable du traitement des émotions, notamment la peur, est stimulée, ce qui intensifie la réponse émotionnelle aux éléments effrayants du jeu.
- Suppression de la production de mélatonine : cette hormone essentielle à la régulation du rythme circadien est diminuée quand on passe trop de temps face aux écrans.
Ces réactions expliquent pourquoi le gaming peut stimuler notre cerveau et compliquer la transition vers un état de relaxation propice au sommeil. Cette stimulation excessive retarde l’horloge interne et, par conséquent, perturbe le sommeil. Oui, mais voilà : se plonger dans le travail, dans une série Netflix, dans un bon livre ou faire du sport le soir produirait les mêmes effets !
La clé pour bien dormir : prioriser le sommeil dans notre vie connectée
Inutile donc de blâmer les jeux vidéos ! Le véritable problème est de décider de rester éveillé tard dans la nuit pour terminer un niveau de jeu, regarder une autre vidéo ou simplement naviguer sans but précis sur Internet. Les consoles elles-mêmes ne sont que des accessoires, et leur rôle dans la perturbation du sommeil dépend davantage de l’utilisation qui en est faite.
Ne pas se laisser emporter par des distractions sans réelle nécessité demande de la volonté. C’est à ce prix que nous risquons de perturber notre horloge biologique et de compromettre la qualité de nos nuits.
Au fond, la responsabilité de garantir un sommeil approprié incombe à la fois aux joueurs et aux parents (dans le cas d’un enfant ou d’un ado). Trouver un équilibre entre nos activités nocturnes et notre bien-être général est la clé. Quel que soit le type de divertissement choisi avant de dormir, il est nécessaire d’accorder une importance adéquate au repos en :
- établissant des limites de temps de jeu ;
- maintenant une routine de sommeil régulière ;
- créant un environnement propice au repos.