Comment les inégalités sociales affectent le sommeil ?

La recherche en épidémiologie sociale et en sociologie a mis en évidence l’influence du statut social sur la santé et la mortalité d’un individu. Plus une personne se situe haut dans la hiérarchie sociale, meilleure est sa santé et plus faible est son risque de décès. Mais, qu’en est-il du lien entre les inégalités socio-économiques et le sommeil ?

Le statut social provoque des troubles du sommeil

Le lien entre le statut social et les troubles du sommeil est indéniable. Les personnes à faibles revenus ont souvent un temps de sommeil moins réparateur et de moindre durée. Cette corrélation persiste indépendamment de l’âge ou de l’origine ethnique, et même dans des sociétés où la répartition des richesses est plus égalitaire. De même, une étude européenne a révélé que la précarité de l’emploi augmentait les chances de souffrir d’insomnie de près de 50 %, selon les statistiques.

Les conditions d’emploi sont également à prendre en compte. Les emplois précaires, les horaires alternés et les quarts de travail de jour et de nuit en alternance augmentent les risques de perturbations du sommeil, comme dans le secteur infirmier.

Notons toutefois que chaque individu possède un rythme circadien naturel et génétique qui le prédispose à être plus alerte et fonctionnel à certains moments de la journée. Pour des raisons évidentes, ceux dont le rythme circadien est plutôt diurne peuvent rencontrer des difficultés à travailler lors de quarts de nuit ou à maintenir un emploi précaire avec des horaires irréguliers.

Bon à savoir : au sein du couple, la synchronisation du sommeil varie selon le statut professionnel de chacun. Les couples de cadres ont tendance à avoir un sommeil plus synchronisé que les couples d’employés ou d’ouvriers.

Nos conditions de vie influencent notre sommeil

Les conditions de vie influencent indubitablement notre sommeil, avec des répercussions souvent négligées, mais significatives sur la santé. Femmes et hommes, chacun fait face au stress et développe des mécanismes pour le gérer, qu’il s’agisse de se mettre au yoga, de faire du sport ou de se plonger dans les jeux vidéo.

Cependant, certains obstacles peuvent entraîner un stress chronique difficile à canaliser. C’est généralement le cas pour les personnes qui manque de moyens financiers, d’opportunités d’emploi, de soutien pour les problèmes de santé mentale, ou qui ont difficilement accès aux soins de santé. Ces problèmes exacerbent les perturbations du sommeil, créant des inégalités de santé préoccupantes, qui se sont probablement amplifiées avec la crise économique récente et le chômage qui en découle.

Il faut également reconnaître que les troubles du sommeil sont étroitement liés à diverses maladies psychiatriques, qui, à leur tour, sont influencées par les disparités socioéconomiques. Ainsi, les troubles du sommeil peuvent être à la fois des symptômes et des médiateurs des inégalités sociales en santé.

L’environnement direct et indirect et les perturbations du sommeil

Les espaces verts et les aires de jeux dans un quartier sont connus pour avoir un effet positif sur la santé mentale et l’activité physique des résidents. Cependant, des facteurs sociaux tels que le taux de criminalité peuvent également avoir un impact significatif sur le sommeil. 

Des enquêtes indiquent que les quartiers perçus comme présentant un haut niveau de criminalité sont associés à une mauvaise qualité et à une durée de sommeil réduite chez les habitants. De même, un éclairage insuffisant ou un environnement bruyant peut perturber le sommeil des individus.

En outre, une corrélation a été établie entre le niveau d’éducation des parents et la qualité du sommeil de leurs enfants. Les enfants issus de famille où les parents ont un niveau d’éducation plus faible signalent davantage de troubles du sommeil. Ce constat suggère que la position socioéconomique des parents peut influencer la prévalence des problèmes d’endormissement chez les jeunes adultes.

Bien que des facteurs environnementaux comme la pollution, le diabète ou le stress chronique puissent aussi contribuer à un mauvais sommeil, il est clair que les conditions sociales et environnementales jouent un rôle important dans la qualité de notre repos.

Sources : 

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